Commentary
À la fin du trimestre, l’économie canadienne se trouve dans une situation semblable à celle de nombreuses économies avancées, avec toutefois quelques particularités propres au Canada, dont la dynamique de l’immigration et l’endettement des ménages.
Les actions augmentent en raison de l’espoir que les banques centrales procèdent à des baisses.
À la fin du trimestre, l’économie canadienne se trouve dans une situation semblable à celle de nombreuses économies avancées, avec toutefois quelques particularités propres au Canada, dont la dynamique de l’immigration et l’endettement des ménages. Même s’il y a eu des signes persistants de ralentissement dans les mises en chantier et les investissements des entreprises, l’activité économique globale et l’optimisme ont mieux résisté que les attentes consensuelles, tandis que l’inflation a continué de baisser.
Les données relatives à l’inflation pourraient être considérées comme les plus encourageantes du lot, étant donné qu’en date de février, elles étaient descendues à un niveau situé juste à l’extérieur de l’extrémité supérieure de la fourchette cible de la Banque du Canada, soit de 1 % à 3 %, et les nouvelles sont encore plus encourageantes. Par exemple, sur une base annualisée, les moyennes mobiles sur trois mois de l’IPC-médian et de l’IPC-tronqué étaient toutes deux inférieures à 2,5 %. Il est important de noter que le Canada a obtenu de meilleurs résultats que d’autres pays pour ce qui est de la maîtrise de l’inflation.
Toutefois, comme la plupart des banques centrales des économies avancées, la Banque du Canada ne se sent pas encore suffisamment rassurée par les données sur l’inflation, ni suffisamment préoccupée par les perspectives économiques, pour commencer à réduire les taux d’intérêt. Au Canada et ailleurs, les marchés des taux ont passé le premier trimestre à atténuer les prévisions de réduction des taux de fin d’année, que SEI jugeait trop optimistes. La Banque du Canada a adopté une approche attentiste lors de sa réunion de mars, les membres du Conseil des gouverneurs indiquant « qu’ils sont besoin de voir un relâchement supplémentaire et soutenu de l’inflation sous-jacente », en accordant une attention particulière aux indicateurs tels que l’équilibre entre l’offre et la demande dans l’économie, le comportement des entreprises en matière de fixation des prix, les attentes relatives à l’inflation et la croissance des salaires par rapport à la productivité.
Il est encourageant de constater que l’équilibre entre l’offre et la demande semblent s’améliorer, même si nous craignons qu’un rebond des prix de l’énergie n’entraîne de nouvelles pressions sur les mesures d’inflation globale au cours des prochains trimestres. Selon l’Enquête sur les perspectives des entreprises du premier trimestre 2024 de la Banque du Canada, moins d’entreprises planifient d’augmenter leurs prix de manière significative au cours des 12 prochains mois. Toutefois, les deux derniers indicateurs, soit les prévisions d’inflation et la croissance des salaires par rapport à la productivité, pourraient poser problème pour ceux qui espèrent que la Banque du Canada amorcera bientôt un cycle d’assouplissement. La plus récente enquête de la Banque du Canada sur les attentes des consommateurs a révélé que les attentes d’inflation à court terme restaient obstinément élevées, tandis que les attentes à cinq ans, qui étaient tombées à 2,6 % lors de l’enquête précédente, ont augmenté d’un demi-point de pourcentage, pour les faire passer à plus de 3 %.
Entre-temps, la croissance des salaires en 2023 était nettement supérieure aux niveaux d’avant la COVID au Canada, ainsi que dans plusieurs autres économies avancées. Pour ce qui est du Canada, cela s’est produit dans un contexte de baisse de la productivité au cours des dernières années. Même si nous devons souligner que la productivité peut être difficile à mesurer avec précision dans les économies à forte intensité de services, dans la mesure où elle fournit une approximation raisonnable des tendances sous-jacentes, la Banque du Canada doit continuer à s’en préoccuper.
Un redressement de la croissance de la productivité améliorerait certainement les perspectives d’inflation et donnerait à la Banque du Canada une plus grande marge de manœuvre pour réduire les taux d’intérêt. Cependant, alors que le voisin au sud de la frontière a connu récemment une hausse de sa productivité, les catalyseurs d’une dynamique semblable chez Commentaire trimestriel sur les marchés Premier trimestre 2024 Les actions augmentent en raison de l’espoir que les banques centrales procèdent à des baisses. © 2024 SEI 2 nous ne sont toujours pas évidents. L’investissement des entreprises a été mitigé, et selon la plus récente Enquête sur les perspectives des entreprises, les « répondants sont en train de revoir à la baisse leurs plans d’investissement à cause des coûts d’emprunt élevés, de la faiblesse persistante de la demande et de l’atténuation des contraintes de capacité. Dans cet environnement, moins d’entreprises ressentent le besoin de s’agrandir. Au contraire, elles sont plus nombreuses à axer leurs investissements sur le maintien des capacités existantes ». Il ne s’agit pas vraiment de la recette pour une révolution de la productivité. Peut-être que l’intelligence artificielle générative et les grands modèles de langage apporteront un peu de soutien à mesure qu’ils seront adoptés plus largement. En attendant, les partisans de l’immigration affirment que la croissance démographique peut favoriser l’innovation et donc une plus grande productivité. Cependant, il s’agira probablement d’effets de deuxième et de troisième ordre qui prendront du temps à se manifester, possiblement sur plusieurs générations.
Compte tenu de l’importance actuelle de l’immigration pour l’économie canadienne et des changements récemment annoncés, il convient d’étudier davantage cette question. Les effets économiques nets de la forte poussée du gouvernement fédéral en matière d’immigration au cours des dernières années sont généralement considérés comme positifs, car les immigrants ont probablement soulagé le marché du travail, stimulé l’activité des consommateurs et contribué à la demande de logement refoulée. Cette contribution peut toutefois être une arme à double tranchant, car l’inflation des prix du logement a été le principal facteur contribuant aux mesures officielles des prix au cours des derniers trimestres. C’est peut-être ce qui a motivé l’annonce faite en mars par Marc Miller, le ministre de l’Immigration, selon laquelle le gouvernement chercherait à faire passer le nombre de résidents temporaires à 6 % à 5 % de la population. Si cette décision n’annule certainement pas les objectifs ambitieux du gouvernement en matière d’immigration, à savoir environ 500 000 résidents permanents chaque année jusqu’en 2024, elle pourrait avoir des effets marginaux intéressants sur l’activité des consommateurs, le marché du travail et le logement au cours des années à venir.
Compte tenu de ces perspectives, il nous semble logique que le Conseil des gouverneurs de la Banque du Canada ait adopté une approche plus patiente que celle attendue par les marchés au début de l’année 2024. Des données plus favorables, quoique toujours faibles, une reprise potentielle des ventes immobilières au printemps et un sentiment des entreprises et des consommateurs « moins mauvais » pourraient signifier que l’économie continuera d’éviter la récession en 2024. L’inflation restant supérieure à l’objectif fixé, les marchés s’attendent désormais à une baisse plus raisonnable de 0,75 % du taux cible de la Banque du Canada pour le reste de l’année. Dans cet environnement, comme dans la plupart des environnements, les investisseurs doivent s’en tenir à leur stratégie à long terme, en cherchant à tirer parti des avantages de la diversification et en recourant, le cas échéant, à une gestion active.
Les prévisions de taux d’intérêt aux États-Unis ont convergé jusqu’à présent en 2024, les données sur l’inflation tenaces et le paysage de l’emploi mitigé ayant conduit les investisseurs à s’éloigner des prévisions de réductions agressives des taux d’intérêt par la Fed. À la fin du premier trimestre, le marché tenait compte de trois baisses de taux, très probablement à partir de juin, ce qui fait en sorte que les attentes du marché sont à peine supérieures aux nôtres. Néanmoins, les risques liés à ce point de vue sont, selon nous, clairement du côté d’une diminution des baisses de taux.
Nous ne serions pas surpris de voir une légère baisse des données sur l’emploi attirer l’attention des décideurs politiques et servir d’élément catalyseur pour la première baisse des taux au début de l’été, même si l’inflation reste supérieure à l’objectif. Nous pensons que l’inflation restera plus forte que prévu en raison d’un ralentissement de la baisse de l’inflation des services et d’une reprise continue de l’inflation des biens.
Le point de départ dans le marché pour les investisseurs en actions américaines ne peut être que qualifié d’élevé. L’indice S&P 500 se négocie actuellement à un ratio cours/bénéfice prévu de 21, ce qui est nettement supérieur à la moyenne historique, qui est d’environ 16, et bien loin du reste du monde, à un peu moins de 14. S’il est vrai que la performance des actions s’est élargie jusqu’à présent en 2024 — les actions japonaises bénéficient d’une forte reprise et les « Magnificient Seven » terminent leurs parcours en faveur des « Fab Four » et peut-être même du « Terrific Trio », le marché américain tient déjà compte d’une bonne part des bonnes nouvelles. À partir de là, la barre est assez haute pour que les bénéfices dépassent les attentes et entraînent les prix à la hausse. Nous savons que les ratios cours/bénéfices peuvent encore augmenter, surtout s’ils sont favorisés par une politique monétaire plus souple, par le biais de baisses de taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale.
Le rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans est en baisse par rapport au sommet de 16 ans de 5 % atteint en octobre 2023, mais il est nettement supérieur à ce qu’il était au début de l’année. Nous pensons que les rendements obligataires peuvent encore augmenter, non seulement en raison des données sur l’inflation, mais aussi des pressions considérables sur le financement du budget et de l’absence de prime de terme dans la courbe des rendements. Nous ne serions pas surpris de voir le rendement des obligations du Trésor à 10 ans repasser la barre des 5 %, même avec la perspective d’une baisse des taux à l’horizon.
Les marchés boursiers mondiaux ont enregistré des rendements positifs au cours du premier trimestre 2924, en raison de l’optimisme suscité par le fait que les principales banques centrales commenceront à réduire leurs taux d’intérêt au cours de l’année. Les investisseurs ont réagi positivement à l’annonce de la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) et aux projections économiques du « dot plot », publiées en mars, qui indiquaient que la banque centrale restait sur la bonne voie pour procéder à des réductions de taux d’intérêt dès le mois de juin de cette année. Les rapports sur les bénéfices des entreprises, généralement positifs, ont également soutenu les marchés, ce qui a compensé les craintes antérieures selon lesquelles des données sur l’inflation plus rigoureuses que prévu inciteraient la Fed et d’autres banques centrales à retarder la mise en place d’une réduction des taux d’intérêt. Les marchés développés ont enregistré de meilleurs rendements que les marchés émergents au cours du trimestre. L’Amérique du Nord a été en tête des principaux marchés développés pour le trimestre en raison de la vigueur notable aux États-Unis. Les trois principaux indices boursiers américains ont atteint de nouveaux sommets à la fin du trimestre, l’indice S&P 500 enregistrant son meilleur début d’année civile depuis 2019. La région du Pacifique hors Japon a été le principal marché développé à la traîne, Hong Kong et la Nouvelle-Zélande ayant enregistré des rendements négatifs au cours du trimestre. L’Europe a été la région la plus performante parmi les marchés émergents au cours du trimestre, grâce à la vigueur de la Grèce et de la Pologne. À l’inverse, l’Amérique latine a le plus tiré de l’arrière en raison de la faiblesse relative du Brésil et du Chili.
Les actifs mondiaux à revenu fixe, mesurés par l’indice obligataire Bloomberg Global Aggregate, ont baissé de 2,1 % au premier trimestre. Les obligations à rendement élevé ont enregistré de légers gains au cours du trimestre et ont été en tête du marché américain des titres à revenu fixe, tandis que les bons du Trésor américain, les obligations d’entreprise et les titres adossés à des créances hypothécaires ont enregistré des pertes. Au cours du trimestre, les rendements des obligations du Trésor ont augmenté sur l’ensemble de la courbe, à l’exception des bons du Trésor à 1 et 2 mois. Les rendements des bons du Trésor à 2, 3, 5 et 10 ans ont augmenté de 0,36 %, 0,39 %, 0,37 % et 0,32 %, respectivement. L’écart entre les obligations à 10 ans et à 2 ans est passé de -0,35 % à -0,39 % au cours du trimestre, et la courbe de rendement est restée inversée. Les rendements des obligations canadiennes ont généralement augmenté sur l’ensemble de la courbe de rendement.
Les prix mondiaux des matières premières, mesurés par l’indice Bloomberg Commodity Total Return, a augmenté de 2,2 % au cours du premier trimestre. Les prix du pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) et Brent se sont redressés pendant la période, les tensions géopolitiques persistantes au Moyen-Orient ayant ravivé les inquiétudes des investisseurs quant à une perturbation des exportations de pétrole. Les prix du pétrole brut WTI et Brent ont terminé le trimestre avec des gains de 16,0 % et de 13,0 %, respectivement. Le prix du gaz naturel au New York Mercantile Exchange (NYMEX) a chuté de 24,7 % au cours du trimestre, en raison du ralentissement de la demande causée par des températures hivernales plus douces que la moyenne aux États-Unis. La baisse de 8,8 % du prix de l’or au comptant s’explique par des données économiques aux États-Unis plus fortes que prévu et par la hausse des rendements du Trésor américain au cours du trimestre (le prix de l’or évolue généralement à l’inverse des rendements obligataires). Les prix du blé ont reculé de 10,6 % pour la période, en raison d’une demande d’exportation relativement faible de la part des États-Unis.
Conformément aux attentes, le Federal Open Market Committee (FOMC) a maintenu le taux des fonds fédéraux dans une fourchette de 5,25 % à 5,50 % à l’issue de sa réunion du 19 et 20 mars. Dans un communiqué annonçant qu’il maintiendrait la pause dans son cycle de relèvement des taux, le FOMC a noté que « l’inflation a diminué au cours de la dernière année, mais reste élevée. Le Comité ne pense pas qu’il sera approprié de réduire la fourchette cible tant qu’il ne sera pas plus sûr que l’inflation se rapproche de 2 % de façon durable ».
Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du FOMC, Jerome Powell, le président de la Fed, a indiqué que des baisses de taux ne seraient pas exclues en raison des données toujours solides du marché de l’emploi. M. Powell a déclaré : « Une forte embauche ne constitue pas en soi une raison de suspendre les baisses de taux ». Il a également reconnu que les données de janvier et de février de l’indice des prix à la consommation (IPC) et l’inflation de base de dépenses de consommation personnelle (CPE) pour le mois de janvier étaient un peu plus élevées que prévu. M. Powell a déclaré : « Nous ne savons pas vraiment s’il s’agit d’un incident de parcours ou de quelque chose de plus. Nous devons le découvrir. »
Sur le plan géopolitique, les conflits entre la Russie et l’Ukraine et entre Israël et le Hamas se sont poursuivis. Le 24 février 2024, l’invasion de la Russie par l’Ukraine a marqué son deuxième anniversaire, sans grand espoir de résolution à court terme. Les dirigeants du parti républicain à la Chambre des représentants des États-Unis ont rejeté un projet de loi bipartisan approuvé par le Sénat qui aurait fourni 95 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, à Israël et à Taïwan. À la mi-mars, l’administration du président Joe Biden a annoncé un plan visant à envoyer 300 millions de dollars supplémentaires en munitions et autres armes à l’Ukraine, tandis que le Congrès américain débattait d’un nouveau programme d’aide.
La coalition dirigée par les États-Unis et le Royaume-Uni (avec le soutien de l’Australie, de Bahreïn, du Canada, du Danemark et des Pays-Bas) a poursuivi son conflit militaire avec le mouvement Houthi, un groupe militant soutenu par l’Iran qui s’est emparé de Sanaa, la capitale du Yémen, en 2014. Fin février, la coalition a frappé 18 cibles Houthi au Yémen, y compris des entrepôts d’armes souterrains, des entrepôts de missiles, des systèmes de défense aérienne, des radars et des hélicoptères. Dans un communiqué de presse, le Commandement central des États-Unis a déclaré que les frappes militaires visaient à « dégrader les capacités des Houthis et à interrompre leurs attaques irréfléchies et illégales © 2024 SEI 4 contre les navires commerciaux internationaux et les navires américains et britanniques en mer Rouge, dans le détroit de Bab AI-Mandeb et dans le golfe d’Aden ». Les Houthis ont attaqué des bases militaires américaines en Irak et en Syrie, ainsi que de nombreux navires commerciaux en mer Rouge. Ces attaques ont contraint les compagnies maritimes internationales à dérouter leurs navires autour du cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud, ce qui a exercé une pression à la hausse sur les coûts du fret. Fin mars, les Houthis ont conclu des accords avec la Chine et la Russie pour permettre à leurs navires de traverser la mer Rouge et le golfe d’Aden en toute sécurité.
Aux États-Unis, fin mars, le pont Francis Scott Key, qui enjambe la rivière Patapsco à Baltimore au Maryland, s’est effondré après qu’un navire de charge immatriculé à Singapour a heurté ses colonnes de soutien. L’accident a entraîné la mort de six travailleurs de la construction qui réparaient des nids-de-poule sur le pont. Le port de Baltimore, une voie de navigation mondiale majeure, a donc dû être fermé, ce qui a entraîné un reflux des cargos qui ne peuvent plus passer par la baie Chesapeake jusqu’à l’océan Atlantique. On a d’abord craint que la catastrophe ne perturbe la chaîne d’approvisionnement mondiale et ait un impact négatif sur l’économie locale, car de nombreux débardeurs travaillent dans le secteur du transport maritime de marchandises et on estime à 30 000 le nombre de véhicules qui traversent le pont chaque jour.
(à moins d’indications contraires, données provenant de Bloomberg)
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